SEL
10 mars 2020

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SEL


– Résidence à Noirmoutier –
Avril 2019
Noirmoutier, Vendée, France
Initiée par MIRA et Vent&Marais

Collaboration avec Julien Borgnis Desbordes, Arcam Glass,
Macocco et Fabouest

Invités au printemps à déambuler sur les marais salants de « JUL » et lier un regard sur ce lieu fort et minéral, nous avons vu et senti la valeur d’un saunier. Ce qu’il construit avec la terre, le soleil et le vent pour que le sel surgisse dans le fond des oeillets et fleurisse sur la surface. Entre ses mains des instruments simples et clairs remplissent chacun une fonction, au milieu d’une étendue de canaux et d’oiseaux migrateurs.

Je suis un paysan de la mer.
L’argile est une terre imperméable,
indispensable à la cristallisation du sel.
J’aime mon métier.
Dans l’honnêteté mordante du sel,
la mer révèle ses secrets à ceux qui savent l’écouter.
Producteur indépendant,
je m’occupe également de toute la partie commercialisation.
Si t’es pas sel, t’es violoncelle.
L’eau, la terre, le feu et le vent
sont les points cardinaux du sel.
Le kilo de gros sel est à 1,30 €
sur le marché de Noirmoutier.
La fleur est l’or du saunier.
Ma saline est perdue au milieu du
no man’s land des marais salants.
Le bilan carbone du sel est quasi nul.
Le sel et le métal ne font pas bon ménage,
ma camionnette est toute rouillée.
Je suis saunier et non pauludier :
la Loire est la frontière.
J’utilise une ételle, une lousse à fleur,
une brouette, une lousse à ponter, un râteau à limon,
une pompe thermique, un rouable, une bogue…
Je vends mon sel sur les marchés
et les fêtes populaires.
L’hiver c’est fait pour voyager.
J’ai des aides de la PAC.
Il m’arrive régulièrement
d’avoir mal au dos.
J’aimerais me rendre plus souvent
sur mon marais à bicyclette.
Une biodiversité exceptionelle,
les marais forment des écosystèmes originaux
à la frontière entre l’eau et la terre.
Naviguer à vue, c’est retrouver
le sel et le sens de la vie.
Un oeillet ≈ Une tonne
—> Niveau production, un oeillet équivaut
à environ une tonne de gros sel, j’ai 30 œillets sur mon marais.
Contemplatif, oui je le suis.
Les anciens travaillent le marais d’une certaine façon,
je ne fais pas toujours comme eux.
Sans réfractomètre,
je goutte l’eau des oeillets
pour savoir sa teneur en sel.
Je favorise le troc.
Je n’aime pas la Leffe mais
j’en bois avec mes collègues.
Si tu veux goutter une feuille morte,
viens chez l’Auvergnat.
J’aime cette nature.